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Homoparentalité : le parcours de Jimmy et Jérôme

Jimmy et Jérôme, gérants quadragénaires d’un bar-tabac dans l’Eure, ont adopté à la naissance Capucine*, une petite fille polynésienne. Plus de quatre ans après, les deux papas viennent d’obtenir un nouvel agrément pour adopter un deuxième enfant. Jimmy nous raconte leur parcours pour devenir une famille homoparentale.

L’adoption, est-ce un projet que vous aviez en tête depuis longtemps ?

Jimmy : Personnellement, je n’ai jamais imaginé ma vie sans enfant. Dès que j’ai rencontré Jérôme, je lui ai dit que je voulais être papa un jour. De son côté, Jérôme avait un peu fait le deuil, même si l’idée d’être papa lui plaisait beaucoup. Au départ, c’est donc moi qui ai porté le projet d’adoption, puis Jérôme m’a rapidement suivi.

Comment a débuté votre parcours d’adoption ?

On a commencé les démarches en 2015, en s’inscrivant auprès du Conseil régional pour faire une demande d’agrément, le précieux sésame pour adopter un enfant. C’est à ce moment-là qu’on détermine la tranche d’âge de l’enfant que l’on souhaite adopter, si l’on veut accueillir un seul enfant ou plutôt une fratrie, etc. Nous, on souhaitait adopter un enfant de 0 à 3 ans. Mis à part quelques discours réticents qui nous disaient que ce serait compliqué pour un couple de même sexe, notre parcours s’est plutôt bien déroulé. Il faut y croire et s’en donner les moyens. On a reçu notre agrément en février 2016. On a rapidement envoyé notre candidature dans des pays étrangers et on s’est inscrits dans une association de parents adoptants. C’est là que nous avons rencontré un couple qui nous a parlé de son expérience d’adoption en Polynésie.

Comment se passe l’adoption là-bas, en Polynésie ?

En Polynésie, il n’y a pas d’orphelinat, ni d’associations qui nous aident dans nos démarches d’adoption. C’est à nous de créer des liens avec une famille qui serait susceptible de confier leur bébé. On est partis là-bas à la fin de l’année 2017, après avoir négocié une rupture conventionnelle dans nos emplois respectifs. On est d’abord partis à Tahiti, mais on n’a pas réussi à nouer des contacts sérieux alors on a changé d’île. Au bout de 15 jours, dans la ville de Uturoa, on a rencontré la maman de Capucine, alors enceinte de 7 mois. C’était le 3e enfant pour la maman, et le 5e pour le papa. On a pris le temps d’échanger avec eux, de leur expliquer notre mode de vie. Au bout de plusieurs jours, on leur a dit qu’on souhaitait adopter et élever un enfant en France. Eux, l’idée que leur futur enfant aille en France leur convenait. Il faut savoir qu’en Polynésie, il est courant de confier son enfant à quelqu’un d’autre, c’est ancré dans la culture locale. On les appelle les enfants « fa’a’mu ». Ce qui est important aussi, c’est qu’on n’a jamais rompu le contact avec eux. On fait régulièrement des appels en visio.

Vous êtes restés sur place pour assister à la naissance de Capucine ?

On est rentrés en France mais on avait prévu de revenir un mois après oui, pour être prêts à l’accueillir lors de sa naissance. Elle devait naître le 16 février. Nous, on atterrissait le 22 janvier. Elle est finalement née… le 22 janvier, jour de notre arrivée. On l’a vu comme un signe ! Elle était née depuis 6 heures seulement quand nous sommes arrivés à la maternité. On a eu la chance de pouvoir la prendre dans nos bras tout de suite. On avait beaucoup parlé à Capucine via le ventre de sa maman biologique, puis le temps où nous étions rentrés en France, ses parents biologiques parlaient aussi beaucoup de nous. On a eu l’impression qu’elle nous connaissait déjà. On a pu sortir de la maternité lorsqu’elle avait 3 jours. Au départ, nous allions voir ses parents biologiques tous les jours, puis nous avons espacé au fur et à mesure. Nous étions obligés de rester deux mois sur place avant de pouvoir rentrer en France avec Capucine, avec son passeport et le jugement polynésien qui reconnaissait l’adoption.

Comment s’est passé votre retour en France ?

Il y a eu beaucoup de larmes quand on est partis, car Jérôme et moi nous étions aussi attachés à la famille. Notre but, c’est de rendre un enfant heureux, pas des parents malheureux. C’était un vrai choix de leur part, mais ce n’est quand même pas anodin de confier un enfant. Puis, une fois rentrés, il a fallu prendre nos marques. Avec Jérôme, on a vécu 14 ans ensemble et, du jour au lendemain, on s’est retrouvés avec un nourrisson. C’est la seule chose qui nous manquait finalement : un enfant. Capucine a été un bébé hyper facile, qui pleurait peu, qui n’a pas fait de crises dentaires et qui a été très rarement malade.

Capucine est-elle reconnue comme votre fille en France ?

Le jugement en France, ce n’est jamais avant les deux ans de l’enfant. Mais pendant ce temps-là, on disposait d’une délégation parentale et un suivi était assuré par des assistantes sociales et des psychologues. Tout s’est toujours très bien passé, car elles voyaient que la petite est épanouie, que nous sommes des parents aimants. Elles trouvaient ça aussi super que nous gardions contact avec la famille biologique. Elles nous aident à avancer, à nous poser des questions auxquelles on n’aurait pas pensé. Mais le jugement en France a été un peu plus long et compliqué. 

Pourquoi ?

En fait, on a fait une demande d’adoption plénière (c’est-à-dire une adoption qui rompt totalement les liens de l’adopté avec sa famille d’origine, ndlr.) et du coup, une enquête importante a été menée. Cela a pris plusieurs mois. Puis il y a eu le Covid aussi, qui a retardé les choses. Finalement, l’adoption plénière a été refusée car nous étions toujours en contact avec la famille biologique. Le juge a considéré que ça ne collait pas. L’adoption simple (Capucine reste donc héritière de ses parents, ndlr.) a finalement été actée lorsqu’elle avait 3 ans et demi, et elle est désormais inscrite sur son acte de naissance et le livret de famille. Et puis, surtout, après ce jugement, Capucine a pu prendre nos deux noms de famille, à Jérôme et à moi. Elle avait toujours son nom biologique avant ce jugement.

Capucine pose-t-elle des questions aujourd’hui, sur ses deux papas ?

Oui, elle nous a posé pour la première fois la question lorsqu’elle avait 20 mois, on ne s’y attendait pas si tôt. Elle a demandé où était sa maman. On venait de la récupérer chez sa nounou. On lui a répondu qu’elle était loin, mais qu’elle l’aimait. Le lendemain même question, puis pendant plusieurs jours. On s’est alors dit, avec Jérôme, qu’elle devait attendre autre chose comme réponse. On lui a alors dit : « Ta maman et Tonton Mike (comme elle appelle son père biologique) sont loin mais ils t’aiment très fort et ils nous ont demandé de nous occuper de toi ». Après cette réponse, on n’a plus eu la question, même si on sait qu’il va certainement y en avoir d’autres. En tout cas, c’est important pour elle de préciser que ses parents biologiques l’aiment, car à un moment donné, elle va peut-être nous demander pourquoi ils l’ont confiée elle, et pas ses frères et sœurs. On lui dira que c’est par amour, pour qu’elle ait une meilleure vie ici. Ils lui ont écrit une lettre aussi, qu’on lui donnera quand elle sera en capacité de la comprendre. Nous avons pu la lire aussi.

Et concernant l’homoparentalité, avez-vous abordé le sujet avec elle ?

Oui, on lui a expliqué qu’il y avait différents types de familles, certaines avec un papa et une maman, d’autres avec deux mamans, et d’autres comme nous, avec deux papas. Je lui ai dit : « Tu sais, l’amour n’a pas de sexe, ce n’est pas forcément un homme ou une femme, ça peut aussi être deux hommes ». Elle n’a plus jamais posé de question là-dessus, donc on s’est dit qu’elle avait compris. Moi c’est « papa chat » et Jérôme, c’est « papa choux ». C’est comme cela qu’elle nous appelle.

Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter, à l’avenir, pour votre famille ?

Que l’amour soit toujours aussi présent au sein de notre famille et pourquoi pas, que Capucine puisse devenir grande sœur (sourires). On a reçu notre deuxième agrément au mois de juin. On est plus sereins aujourd’hui. Je veux dire, on a décidé de ne plus entamer de démarches à l’étranger, mais de rester dans l’attente. On a eu la chance de vivre une si belle histoire avec les parents biologiques de Capucine qu’on n’est pas sûrs d’avoir autant de chance une deuxième fois. En fait, si on nous appelle pour nous proposer d’adopter une pupille de l’État, tant mieux, mais sinon ce n’est pas grave. On est heureux avec Capucine, qui est d’ailleurs très possessive avec ses deux papas. Elle serait contente d’avoir un petit frère ou une petite sœur, mais elle est bien dans son cocon aussi. On lui a quand même expliqué qu’on avait reçu un deuxième agrément, ce que c’était, etc. Mais on ne veut pas idéaliser la chose, ni la décevoir.

Comptez-vous retourner un jour en Polynésie ?

C’est dans nos projets, oui. D’ici un an ou deux, peut-être. Cela va dépendre de Capucine, comment elle percevra l’idée d’y aller à ce moment-là. On lui demande de temps en temps si elle a envie d’y aller, elle nous répond toujours : « Oui, mais avec vous. Moi, je ne dors pas là-bas. » (Sourires)

* Le prénom a été modifié

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